La dame de Stavoren
La dame de Stavoren était une très noble dame.
Un jour, elle dit au capitaine d’un de ses navires qu’elle voulait que lui et son équipage, aillent parcourir les mers pour lui rapporter le plus précieux de tous les trésors du monde.
Les hommes rappelèrent à la Dame de Stavoren que les navires appartenaient à son mari mort mais elle répondit que les navires lui appartenaient maintenant. Les hommes furent contraints d’accepter.
Quelques jours après, les navires partirent au loin chercher le plus beau de tous les trésors du monde. Lorsque le navire fit escale en Islande, le capitaine fut perplexe, il se demandait s’il fallait acheter de l’huile de baleine pour fabriquer des chandelles qui éclairerait les foyers de Stavoren chaque soir. Il n’en acheta pas.
Puis lorsque le navire fit escale à Bordeaux, le capitaine se demanda s’il devait acheter du vin. Il n’en acheta pas non plus. Il fit aussi une escale à Goa, dans les Indes, le capitaine se demanda encore une fois s’il devait acheter des épices : de l’anis, de la cannelle, du cumin… Il n’en acheta pas. Arrivé aux Antilles, il se demanda s’il fallait acheter une centaine de perroquets rieurs. Il n’en acheta pas une fois de plus. Lorsqu’ils jetèrent l’encre à Londres, le capitaine se demanda s’il devait acheter des livres. Il n’acheta pas de livres.
Ainsi donc, lorsque le navire fit escale à Dantzig, le capitaine acheta le blé le plus beau qu’il eût jamais vu dans un entrepôt : du grain bien gonflé, bien ferme, une montagne douce comme du satin, de l’or pur ! Le capitaine dit : les épices ne sont pas indispensables non plus que le vin. Mais le blé, on ne peut pas s’en passer !
Lorsqu’il rentrèrent à Stavoren, ils donnèrent le blé à la Dame de Stavoren qui hurla de jeter ce blé immédiatement. Les hommes le jetèrent mais un pêcheur aveugle lança à la dame : Quel impardonnable gâchis ! Alors que tout autour de vous, il y a des gens qui mendient et qui vont quémandant des têtes de poissons ou quelque vieux quignon de pain ! Un jour viendra où vous vous trouverez réduite à mendier vous aussi !
La dame, furieuse s’avança donna un coup dans la canne de l’aveugle et jeta son superbe anneau d’or qu’elle portait au majeur de la main gauche dans la mer en déclarant : Je n’aurai pas besoin de mendier, non, jamais je n’aurai besoin de mendier ne fût-ce qu’une poignée de farine, jamais tant que la mer ne m’aura pas rapporté cette bague !
Un an plus tard, un pêcheur pêcha un énorme poisson. Il dit que seule la Dame de Stavoren serait assez riche pour l’acheter. La dame laissa le soin à son cuisiner de le préparer à manger qui en le découpant découvrit l’anneau d’or de la Dame, il appela la Dame qui fût effarée.
Dans les jours qui suivirent les vents et les grêles abîmèrent la maison.
Plus tard, les trois navires de la Dame, furent surpris par de violentes secousses et coulèrent tous les trois. Les navires avaient heurté un banc de sable nouvellement formé. Peu de temps après, surgit à l’entrée du port une véritable forêt de tiges de blé, mais ce blé était stérile donc il y avait dix mille épis et pas un seul grain. Le port devint tout ensablé à tel point que les navires marchands ne pouvaient plus atteindre le port.
Nombreux furent ceux qui quittèrent Stavoren. Seuls restèrent quelques pêcheurs et leurs familles et aussi la Dame de Stavoren. Les pêcheurs étaient loin d’être riches mais la Dame de Stavoren étaient encore plus démunie qu’eux. On la voyait parfois aller au champ de blé stérile et se pencher dans l’espoir de trouver quelques grains. Parfois aussi, on voyait la Dame arriver sur le seuil de la porte des rares habitants et mendier… une poignée de farine, comme l’avait prédit le vieux pêcheur aveugle.
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Sujet: La Dame de Stavoren (Contes et légendes du vieux monde) 
Sam 21 Avr - 20:52
